samedi 8 mai 2010

Abdellatif Laâbi



Mon fils aimé
j’ai reçu ta lettre
Tu as écrit toi-même l’adresse
tu l’as écrite avec assurance
tu t’es dit, si je mets ça
papa recevra ma lettre
et j’aurai peut-être une réponse
et tu as commencé à imaginer la prison
une grande maison où les gens sont enfermés
combien et pourquoi ?
mais alors ils ne peuvent pas voir la mer
la forêt
ils ne peuvent pas travailler
pour que leurs enfants puissent avoir à manger
Tu imagines quelque chose de méchant
de pas beau
quelque chose qui n’a pas de sens
et qui fait qu’on devient triste
ou très en colère
Tu penses encore
ceux qui ont fait les prisons
sont certainement fous
et tant et tant d’autres choses
Oui mon fils aimé
c’est comme ça qu’on commence à réfléchir
à comprendre les hommes
à aimer la vie
à détester les tyrans
et c’est comme ça
que je t’aime
que j’aime penser à toi
du fond de ma prison

Abdellatif Laâbi

7 commentaires:

Matt a dit…

Superbe ce portrait, un regard plein... Et le texte... Bravo à vous deux !
Moi qui voulais revendre mon Blad pour financer la Speed Graphic... Je crois plutôt que je vais tout revendre et arrêter... :-)

Pascal Bodin a dit…

Merci Anton
Ce fut une rapide rencontre, peu de mots échangés. Mais son aura, je la sens encore...
Continue la photographie surtout. :-)

Grégoire a dit…

On retrouve le même regard aimant dans le texte et l'image, une belle association.
Grégoire

Pascal Bodin a dit…

Merci Grégoire, le texte est très porteur :-)

labellenoiseuse a dit…

A croire que tu seras toujours une source d'inspiration...

labellenoiseuse a dit…

Quoiqu'il en soit tu peux être fier de toi, bravo !

Pascal Bodin a dit…

Merci labellenoiseuse :-)